L’émergence d’une économie de l’information tirée par les services est une excellente nouvelle en soi. Au fur et à mesure que notre économie planétaire s’enrichit et s’encombre en même temps de produits matériels et des déchets correspondants, une place croissante est prise par d’autres valeurs/« objets de consommation » que sont la sécurité, l’éducation, la culture, la santé, le bien vivre ensemble….
L’importance croissante de ces outputs indique des perspectives de progrès enthousiasmantes. Ils sont non proportionnellement destructeurs des ressources naturelles. Dans tous les cas, l’homme n’est pas une ressource. Son travail par contre l’est et il est renouvelable. La compétence individuelle peut être développée, y compris par le travail lui-même. L’accroissement des compétences collectives est un champ de progrès sans limite. La saturation tendancielle des débouchés en volume de la production industrielle est un phénomène acquis déjà depuis le milieu des années 70. S’il y a des limites évidentes à l’extension de la consommation d’eau ou à l’encombrement de l’espace des cités par exemple, il n’y a pas de limite à l’extension du bénéfice de la santé, de la sécurité, de l’éducation, de la culture, du bien-être…. Leurs potentiels de croissance sont illimités.
Par contre, et la France est particulièrement mal placée, il y a dans l’immédiat un enjeu de déficit de la balance commerciale, de dettes publiques et de déficit des systèmes de protection sociales. Du fait des mécaniques de valorisation industrielle et financière, les capacités de financement limitent leur croissance[1]. Loin d’une résignation à la perspective de la décroissance, c’est la définition de la valeur qui est en cause. Les services sont féconds et « vertueux », tout autant que l’industrie ou l’agriculture, s’agissant de produire une valeur économique en croissance. LArtia prégnance du « modèle d’affaire » industriel (volume, standardisation, monétisation sur des biens, conception du travail comme un coût…) interdit l’émergence des nouveaux modèles économiques (de la contribution ou de la fonctionnalité par exemple).
Le modèle économique industriel et les modèles d’affaire financiarisés, ne sont pas la fin de l’histoire. Ils ne sont ni naturels, ni une fatalité. L’Organisation Scientifique du Travail (OST) n’est pas scientifique. La domination industrialiste a eu un début. Elle est soutenue par la mondialisation, elle est relayée par la financiarisation. Si sa fin est déjà lisible dans ses propres impasses, notamment sur le travail et l’environnement, l’on voit bien qu’il s’agit d’une mutation systémique, en accélération mais engagée probablement pour plusieurs décennies.
[1] Voir Olivier Favereau, rapport de juin 2016 pour l’OIT, l’entreprise et le travail face à la financiarisation.