Prototype d’avant contrat de coopération FM
Groupe de travail[1] « innovation contractuelle » du CRDIA
Octobre 2019
La première étape du travail avec le groupe, après le partage d’expériences, a été de s’entendre et de formuler les principes directeurs devant gouverner la relation de partenariat qui se nouera entre le client et le prestataire.
Il est important que les parties se comprennent préalablement sur les buts qu’elles poursuivent et qu’elles se mettent d’accord sur la nature de leurs engagements réciproques avant de discuter des modalités de mise en œuvre d’ordre technique (le périmètre des prestations, la nature des livrables, la qualité etc.).
C’est pourquoi le groupe de travail souhaite que l’objet du contrat porte principalement sur la coopération des parties en vue de parvenir à un résultat précis qui doit être soigneusement décrit : en substance l’optimisation du confort des espaces de travail du client, et au-delà, l’amélioration du bien-être des usagers des locaux. Les moyens d’y parvenir sont négociés dans un second temps par la mise en place d’un bouquet de services de nature technique qui englobent aussi des expertises et des conseils.
Il est décidé par le groupe de travail de dénommer cet accord « Contrat de coopération ». Ce contrat est un contrat innommé (il ne renvoie à aucun régime juridique de contrat civil ou commercial existant si ce n’est le contrat d’entreprise).
Le prototype présenté ci-après n’est pas le contrat de coopération lui-même mais un « guide-line » pour faciliter sa rédaction. Ce guide peut, le cas échéant, prendre la forme d’un avant-contrat de type « Accord de méthode » afin que les parties au contrat de coopération s’entendent, avant sa rédaction, sur les principes directeurs qui gouverneront leurs futures relations.
Lecture :
Colonne de gauche, la nature des engagements pris par le client et le prestataire
Colonne de droite en rouge et italiques, les commentaires et précisions de lecture.
1/ Esprit de l’accord
1.1 Coopération :
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Accord de coopération : Cette coopération est au moins aussi importante que la fourniture des prestations. Le contrat devra expliquer comment la coopération se met en place et quelles sont ses finalités. |
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| Relation de coopération : sur le principe, le client engage une relation avec un fournisseur qui doit l’aider à réaliser des gains et non pas une relation de sous-traitance. Il peut être précisé qu’il s’agit d’obtenir une qualité de service optimum pour un coût maîtrisé, donc des niveaux de services arbitrés (pas de service premium partout). Du côté du prestataire il s’agit de dégager une marge suffisante pour investir dans des ressources humaines de qualité et pour réaliser un bénéfice distribuable aux actionnaires de l’entreprise. |
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1.2 Aménités :
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Valeur ajoutée des services : nous faisons ici le choix d’une définition qui dépasse les définitions substantielles de la qualité des services au profit d’une définition fonctionnelle. Elle rompt avec les limites d’une « qualité » approchée par la conformité de l’exécution de prestations définies techniquement relativement à des prescriptions supposées précises, exhaustives et à valeur ajoutée. |
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1.3 Expertise :
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Mettre en œuvre son expertise : le prestataire ne vend pas seulement une prestation de FM. Il délivre des conseils concernant cette prestation en sa qualité d’expert. Il est également susceptible de délivrer des conseils stratégiques sur la manière d’organiser et pas seulement de réaliser les aménités. |
1.4 Aide mutuelle :
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1.5 Coproduction :
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Coproduction de service : le service pour être performant doit être coproduit, avec des rôles différents qui devront être précisés dans le contrat. Le préambule propose une définition de la coopération, laquelle n’exige ni « sympathie », ni collusion… |
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1.6 Evolutivité :
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Contrat à exécution successive : une caractéristique « centrale » dans la définition du type de contrat. Ni un mandat, ni une sous-traitance, pas de délégation…. |
2/ Obligations réciproques
2.1 Engagement à la dépense du client :
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Montant de son engagement à la dépense : le prix n’est pas un cumul de coûts, plus marges. C’est la traduction d’un engagement à la dépense dont seul le client est responsable. Le prestataire n’a pas la compétence pour dire à la place du client ce qu’il est prêt à investir. C’est au client de dire le prix. |
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2.2 Engagement au service du prestataire :
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Engagement de service pour satisfaire le client au mieux, dans les limites des moyens : nous proposons de trancher en faveur d’un contrat de moyens à mettre en regard de résultats faisant l’objet de processus d’évaluation. |
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| De conseiller, de co-concevoir : ce sont des prestations intégrées aux services |
2.3 Durée :
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Une durée appropriée à l’objet : techniquement il peut s’agir d’un CDI mais avec une clause qui garantit au client qu’il pourra se délier aisément si l’exécution du contrat se passe mal, ce qui doit l’inciter à s’engager plus facilement aussi (c’est sécurisé). Il peut s’agir aussi d’un contrat à durée déterminée long avec des facultés de rupture s’il se produit certains évènements (défaillance du prestataire etc.). Attention : ces clauses sont toujours en discussion du point de vue de l’intérêt du client, plus rarement du prestataire. Observons que si un contrat peut être rompu facilement le prestataire peut préférer réallouer ses moyens à d’autres contrats plus rentables (expérience vécue dans le secteur de l’informatique). |
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2.4 Pertinence située :
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Délivrer les services attendus : dit autrement, le prestataire s’interdit de faire des choses qu’il sait inutiles ou superfétatoires. « Propre » fait référence aux deux sens du mot : d’une part, « appropriées » et d’autre part « qui sont propres à… ». |
2.5 Expertise et innovation :
2.6 Choix et priorités :
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2.7 Transparence :
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Partager toutes les informations : engagement de transparence nécessaire à la confiance. |
2.8 Compétences du client :
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Le client s’engage : le client est co-responsable de la performance de l’écosystème. Il ne peut pas se défausser. Il lui appartient d’exprimer ses objectifs et d’expliquer les finalités des prestations. |
| Périmètre : le client doit dire le « quoi », le terrain de jeu. |
| Co-évaluation : il s’engage dans l’appréciation des résultats |
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| De déployer et adapter les services appropriés : la capacité et les compétences du prestataire dépendent en grande partie du client, sur la durée. |
| Capacité de produire : le client bénéficiaire est coproducteur. Il est sujet et objet de la transformation favorable de son état et de son environnement |
| Relation servicielle particulière ainsi constituée : écosystème dit « intégration des services » au-delà du pilotage, du contract management ou de l’assemblage. |
| Rechercher ensemble des gains en valeur par l’amélioration continue de la qualité et de la pertinence des services rendus : importance d’une clause de progrès, avec partage des gains, surtout si on s’inscrit dans la durée longue. |
3/ Illustrations
| Explicitation de besoins spécifiques/stratégiques du client : du sur-mesure par construction. On se réfère ici à des formes d’économie de la singularité |
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| Créer les conditions optimales de déploiement, principe proposé : Le prestataire est comptable de la satisfaction des occupants/résidents. Il est le meilleur expert de ce dont ils ont besoin (ou envie). Le client est comptable des capacités et des compétences des œuvrants du prestataire. Il connaît moins bien les bénéficiaires que les œuvrants du prestataire. Par contre, il est en capacité de faire en sorte que le prestataire ait les moyens de bien faire son travail.
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| Evolution des organisations et de (la) montée en compétences des personnels : le client contribue à la performance de son prestataire, et s’oblige à tout mettre en œuvre pour que le prestataire améliore les conditions de travail et le développement des compétences de son personnel. |
[1] Groupe de travail :
Thierry Alliot (ERICSSON),
Xavier Baron (XAVIER BARON CONSEIL),
Dominique Bisaga (SAMSIC FACILITIES),
Pierre Bouchet (GENIE DES LIEUX),
Thierry Cadiot (HSBC),
Emannuelle Cohen (DERICHEBOURG),
Corinne Colson-Lafon (STEAM’O),
Nicolas Cugier (THALES),
Hakim Dabouz (ALSTOM),
Christophe Denis (ENGIE COFELY),
Sébastien Douet (ARMONIA),
Bastien Gaudaire (SOCIETE GENERALE),
Olivier Gresle (ENGIE COFELY),
Jérôme Guemonprez (ADP),
Virginie Hervochon (juriste d’entreprise),
Jean-Yves Kerbouc’h (UNIVERSITE DE NANTES),
Joël Larousse (SNCF),
Yann Le Rousseau (VINCI FACILITIES),
Thierry Millet (EdF),
Luc Monteil (MOTT MAC DONALD),
Eric Noleau (GSF),
Isabelle Paz (DALKIA),
Régis Rodet (Ministère de la Défense),
Denis Szkobel (BOUYGUES ENERGIE SERVICES).