Les impasses du modèle d’affaire actuel du FM sont là parce que nous ne savons attribuer de valeur économique qu’à des biens (ou à des prestations en référence à leurs couts) sur des prix fixés à l’occasion d’un transfert de droit de propriété (échange marchand) ou à défaut, d’une décision politique[1], elle-même contrainte par des limites budgétaires.
Du coup, pour les services en B to B, les marchés et les processus d’achat tirent systématiquement, les prix, puis l’activité vers le bas. Nos concepts, nos processus et nos outils de gestion sont très lacunaires pour appréhender, évaluer, négocier, monétiser des activités débouchant sur une valeur de modification d’états, et cela d’autant plus quand ils ne sont pas accompagnés par un transfert de droits de propriété sur des biens tangibles.
Ce problème est là parce qu’il y a encore des réflexes qui laissent dire que « ce qui ne se mesure pas n’existe pas ». Ce n’est pas une question philosophique. C’est un enjeu très concret pour un secteur de 2 millions de travailleurs et plusieurs centaines de milliards de chiffres d’affaires.
L’indigence et la rusticité de la mesure de sa production par ses propres opérateurs n’est évidemment pas sans conséquence sur la confiance que ce secteur ne sait justement pas inspirer.
La difficulté à penser de manière opératoire l’innovation servicielle au sein même des entreprises prestataires et clientes explique le pessimisme, voire une forme d’incapacité à rechercher et anticiper les conditions de gains de productivité en dehors du remplacement des hommes par des automates, ou une fois de plus, la déflation salariale.
L’incapacité à évaluer les effets de son activité n’est évidemment pas étrangère à l’illisibilité de l’offre de FM, aux débats conflictuels sur les prix et in fine, aux difficultés à investir.
La difficulté conceptuelle que connaissent les entreprises de FM et de leurs clients s’agissant de qualifier et d’évaluer la valeur économique à laquelle les uns aspirent et les autres contribuent, constituent enfin une raison de marges durablement tirées vers le bas et de la maltraitance que subit tendanciellement le travail dans ce secteur.
Le problème ne sera pas résolu par les technologies, seraient-elle digitales. On peut trouver dans le droit social français ou l’Europe des arguments pour incriminer des responsabilités extérieures. On peut aussi souhaiter investir sur des recherches en socio économie, en sociologie et en gestion. C’est l’option que privilégie le Consortium de l’Ile Adam.
[1] On pense notamment ici au poids sans cesse grandissant de l’application de normes et du coût des contrôles réglementaires dans l’usage des bâtiments, des équipements, des lieux de travail et d’accueil du public.