Le BtoBtoC est-il l’avenir du FM ?
Une multiplication des lieux de travail dans l’immeuble de bureaux
Services et télétravail en extension, un progrès au risque d’un retour de la servilité…
Le BtoBtoC est-il l’avenir du FM ?
Xavier Baron & Joël Larousse
Octobre 2019
La pandémie conduit certaines entreprises à proposer des services aux domiciles de leurs employés télétravailleurs : outils de communication, fourniture de fauteuils ergonomiques, voire livraison de repas etc. Ces pratiques, imposées par la nouvelle donne de l’organisation du travail tertiaire, donnent l’image d’un FM évoluant du BtoB traditionnel vers un BtoBtoC. Le « C » ainsi valorisé marque la volonté de replacer le bénéficiaire final dans la finalité des services et d’intégrer son influence, voire sa participation active, dans la production d’environnements de travail pertinents. Cette nouvelle approche introduit cependant le risque de se tromper de cible, en assimilant à tort le bénéficiaire final de la prestation à un simple consommateur. Autonome et responsable, il reste un salarié subordonné.
Accompagnés par des orchestres, les bâtisseurs du Machu Picchu du 15ème siècle travaillaient en musique à 2500 mètres d’altitude … ils ne sauraient pour autant être assimilés aux spectateurs des festivals de l’été qui s’achève.
Une multiplication des lieux de travail dans l’immeuble de bureaux
Alain d’Iribarne
Mai 2021
Dans la continuité de « Quels arbitrages des salariés entre leurs lieux de travail dans l’après-crise ? », (Cahiers du CRDIA n°10 de mai 2021), ce second article poursuit la coopération des Cahiers avec ACTINEO, son Comité Scientifique et Alain d’Iribarne.
Les données factuelles présentées et analysées finement sur l’usage et les attentes des salariés relativement aux différents lieux de travail qui leur sont proposés dans les immeubles de bureaux, éclairent la réalité des politiques d’aménagement des espaces. Le prisme déformant de la communication donne en effet parfois à certaines dispositions une importance médiatique éloignée de leur réalité opérationnelle. Mais il faut s’attendre à des évolutions en la matière, comme l’indique l’auteur : « le développement du télétravail, plus ou moins combiné à une poussée du nomadisme et du travail à distance, devrait mécaniquement impliquer une forte augmentation de la proportion de postes de travail non dédiés ».
Services et télétravail en extension, un progrès au risque d’un retour de la servilité…
Xavier Baron
Juin 2021
Dès 2017, Xavier Baron notait dans « Plates-formes : extension du domaine de la servilité » (Metis Europe, juin 2017) le risque « d’extension de la servilité, du fait d’une confusion croissante des sphères privées et publiques de l’activité productive ».
En réponse au grand chamboulement imposé par la pandémie, les multiples adaptations plus ou moins improvisées et le plus souvent réussies, marquent une belle résilience de nos organisations. Rien n’est fini, loin de là, et chacun est bien conscient du potentiel d’opportunités désormais ouvert. Il y a cependant toujours des risques induits par la bousculade de principes construits sur plus d’un siècle de rapports et de conflits sociaux, et encore jugés intangibles voici à peine deux ans. L’auteur dessine la croisée des chemins, entre des travailleurs libres de leurs choix, plus efficaces que jamais dans des relations optimales avec leurs employeurs ou l’écriture par un autre Zola d’un nouveau « Germinal » du paroxysme de l’ubérisation tertiaire destructrice de la vie privée, introduit par l’extension du télétravail et la confusion inévitable entre sphères privée et publique.
La réalité ne sera sans doute ni l’un ni l’autre. Identifier les risques est conforme à notre posture de recherche et reste un atout essentiel pour se préparer à les éviter.